Chanson


Jouons aux bergers, et que tes charmes
soient les brebis de mon troupeau
qui, peureux et doux, à toute alarme
de mon coeur accourent aussitôt.

Gentiment tu portes à sa bride
ton chapeau en panier pastoral;
tout est juste, rien ne m'intimide,
et mon coeur ne bat pas mal.

C'est le temps de verser dans ma flûte
tout mon souffle qui se préparait,
car l'ancienne prude que vous fûtes
part avec la brute que j'étais.

Notre jeu me semble tout à nous.
Et les loups de notre bergerie
ne sont là que parce qu'à la vie
d'un si beau berger il faut des loups.

Aus: Poèmes et Dédicaces (1920-1926)